Colloque du Rufs

Les formations du social à l'épreuve des réformes 

transformations, perspectives et enjeux des partenariats

 

Université Paris Nanterre - 7 et 8 novembre 2022

 

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Pour voir les photos du colloque prises par Brice Le Gall

 

https://www.bricelegall.com/Mobilisations/Colloque-RUFS

 

Pour en savoir plus sur le Rufs

https://rufs.hypotheses.org

 

 

Les étudiants de DUT Carrières sociales sont-ils (et deviennent-ils) des travailleurs sociaux comme les autres ?
Simon Heichette  1@  
1 : Heichette
UMR ESO - Université d'Angers

Cette communication se propose de présenter une étude – actuellement en phase préliminaire - s'intéressant aux étudiantes et étudiants formé·es au sein d'une formation menant au Diplôme universitaire de technologie (DUT) Carrières sociales option assistance sociale, à Cholet (Maine-et-Loire). Cette filière de formation, créée en 2007 et en train de devenir Bachelor universitaire de technologie (BUT), a pour spécificité de ne pas s'appuyer sur un partenariat avec une école de travail social. Aussi, en sortie de diplôme, les étudiant·es n'ont pas la possibilité d'intégrer une troisième année de formation d'assistante de service social, en vue de l'obtention du diplôme d'État. Cette situation, liée à la configuration locale du DUT et en particulier aux relations entretenues avec les instituts de statut associatif du département, contribue à donner une coloration particulièrement académique à la formation, au sens où les approches de type universitaire (transmission de savoirs adossés à des disciplines, formation à la recherche importante) y apparaissent particulièrement centrales.

L'étude en cours d'élaboration interroge en premier lieu le devenir des étudiant·es après leur formation en deux ans. Les enquêtes post-diplômes permettent de voir que la majorité des ancien·nes étudiant·es poursuivent leurs études après l'obtention du DUT, soit à l'université (licence, licence professionnelle, puis éventuellement master), soit dans des centres de formation délivrant principalement le DEES ou le DEASS, qu'ils intègrent en première ou en deuxième année. Il s'agira, par l'intermédiaire du questionnaire qui sera adressé, de mieux comprendre ces trajectoires estudiantines post-DUT, en s'intéressant aux types de diplôme qu'ils acquièrent et à leur choix de prolonger leurs études dans des filières sociales ou au contraire de bifurquer vers d'autres domaines (enseignement, administration, etc.).

De même, l'étude envisagée doit permettre de mieux comprendre le type d'insertion professionnelle que connaissent ces étudiant·es passé·es par le DUT. Deviennent-ils des travailleurs sociaux comme les autres ? Il s'agit de savoir s'ils se dirigent vers des postes dits de « terrain », en contact direct des bénéficiaires de l'action sociale, ou sont-ils au contraire amenés à occuper des postes de coordination, d'administration ou de gestion de dispositifs ou de services, voire de responsabilité hiérarchique. L'enquête devrait également permettre de mieux connaitre les types d'emploi occupés (emploi public ou non), les conditions de travail (CDI ou non, rémunérations), etc. Au-delà des conditions objectives d'insertion et travail, il est également prévu (par l'intermédiaire du questionnaire qui sera adressé, ainsi que d'une série d'entretiens qui suivra) d'interroger le rapport au travail social que les ancien·nes étudiant·es développent. Acquièrent-ils des identités de travailleurs sociaux ordinaires ou au contraire, leur formation universitaire les amènent-ils à se distinguer de leurs collègues ? Une hypothèse doit par ailleurs être faite quant à l'hétérogénéité potentielle du devenir de ces ancien·nes étudiant·es, et donc des types de professionnels qu'ils deviennent. Une ligne de démarcation peut être imaginée entre la part des étudiant·es reprenant des formations « métiers », adoptant potentiellement tous les codes et les valeurs qui y sont attachées, et celles et ceux qui poursuivent leurs études dans le milieu académique.

Enfin, la recherche qui sera présentée s'intéresse aux origines sociales des étudiant·es s'inscrivant en DUT. Leur sociologie demeure relativement mal connue. Est-elle similaire à celles des formations classiques du travail social ? Et si oui, à quelle population ressemblent-ils le plus, celle des étudiant·es inscrit·es en DEASS, en DEES, ou à celle d'autres formations ? Au contraire, se rapprochent-ils des étudiant·es inscrits en sciences humaines et sociales, par exemple ? Une hypothèse peut être faite quant à la dualité (au moins) de la composition sociologique des promotions. Il est possible de trouver, d'un côté, des étudiant·es plutôt issu·es de classes moyennes, ayant obtenu un Baccalauréat général, dont les familles seraient relativement bien pourvues en matière de capital culturel institutionnalisé (niveau de diplômes) et misant sur une formation en IUT pour leur enfant au regard de la bonne réputation en matière d'insertion et d'encadrement pédagogiques de ces derniers. Ce premier type se distinguerait d'un second type d'étudiant·es, plus régulièrement titulaires d'un Baccalauréat technologique, issu·es de familles populaires moins bien dotées en matière scolaire ou universitaire, mais dont le choix de l'IUT se révèle en revanche être située dans un espoir d'ascension sociale. Il s'agira du reste de mesurer le poids des familles dans ce choix d'orientation. On sait que l'inscription en IUT n'est pas neutre socialement, tout comme celui de choisir une filière « sociale », d'autant plus lorsque l'on est de sexe féminin, ce qui représente l'immense majorité des étudiant·es inscrit·es.

 


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